De la chimie dans des manuscrits grecs du XVIIe siècle à Paris et un problème de méthodologie historique
Rémi Franckowiak
(Université de Lille 1)

Jeudi 13 Novembre 2014
de 17h à 18h30
Salle 211 – bât. M3 extension (LILF) – Université de Lille1

Résumé : Un prêtre grec à Paris au XVIIe siècle ayant voué sa vie à l’étude mais aujourd’hui oublié, auteur de plusieurs ouvrages, converti au catholicisme et avocat de l’unification des églises chrétiennes, envoyé par Mazarin et Séguier en mission dans le Levant – à l’âge de 71 ans et souffrant de la goutte – pour rapporter des manuscrits rares parfois achetés au kilo, cela fait à coup sûr une histoire mais quelle place accorder à cette histoire dans l’histoire des sciences à la suite de la découverte dans le catalogue de la Bibliothèque Nationale de France de deux volumes de papiers d’Athanase le Rhéteur – puisqu’il s’agit de lui – jamais étudiés ni même peut-être lus, faisant apparaître ce dernier comme un homme également versé dans la chimie mais pas au point d’en marquer l’histoire ? Quel statut par ailleurs accorder à des écrits n’ayant sans doute pas vocation à dépasser le cercle des intimes et quelle valeur donner à des brouillons de recettes, prises de notes, réflexions, copies sous différentes formes et dans différentes langues (grec ancien, démotique, italien, français, latin, turc et arabe), témoignant d’un apprentissage de la chimie, d’une circulation dans le temps et l’espace de pratiques chimiques, de difficultés de traduction, de l’existence d’une chimie levantine et d’artisans chimistes non répertoriés ? Comment appréhender ce corpus de textes chimiques : de manière biographique, anecdotique, dans la lignée des textes des alchimistes grecs réédités, sous couvert d’une « histoire par en bas », dans l’opposition entre chimie concrète et chimie savante, dans les relations entre Orient et Occident, etc. ? Les papiers d’Athanase le Rhéteur sont en fait, dans leur genre, à ce jour et à notre connaissance, uniques, et nous rappellent que notre connaissance de l’histoire de la chimie du XVIIe siècle est finalement assez limitée et contenue dans des bornes conventionnelles.

Prochaines séances :
- 04 décembre : Vangelis Antzoulatos, "Histoire de l'affinité chimique – 1e partie"
- 08 janvier : Lisa Rougetet, "La théorie des jeux de combinaison en France"